[ GUERNICA ] Red Monster Supérette.

L'Enfer arrivait sur eux.
L'énorme bête rouge avait la folie dans les yeux, et c'était en plus d'une formidable masse de muscles, un boulet de canon enflammé. Maintenant qu'il le voyait se rapprocher et que tous les toréadors continuaient leur vacarme, un affreux doute saisit Max aux entrailles et retourna son estomac sous la terreur. Vu comme ça, Guernica était beaucoup plus large et plus dangereux que prévu. Il les emporterait tous désormais qu'il fonçait sur eux. Il n'en laisserait pas un en réchapper. Le jeune homme eut un bref regard pour les autres qui n'étaient pas au bord du toit. Leur sacrifice permettrait à ceux-là de vivre, au moins. Il inspira profondément de l'air pour ce qui lui semblait être le dernier goût de l'oxygène qu'il aurait, bien que l'odeur de chair brûlée et putréfiée ne soit pas très agréable, et il ferma les yeux. Mais encore une fois, rien ne se passa comme prévu.
L’œil fou de Guernica avait tiqué, son énorme tête avait suivi. Ses gigantesques griffes retournèrent le sol du Toit tandis qu'il modifiait sa trajectoire et les manquait de peu. Max suivit son regard et vit la pauvre Jill, écartée d'eux mais elle aussi au bord du toit, terrifiée. La cible. Son cœur se serra durement et il s'attendit à la voir se faire massacrer sans rien faire quand une fois encore, la masse colossale de l'abomination joua contre elle. Son énorme queue osseuse les faucha et il ressentit comme un coup de fouet sur son bras, tandis que la torpille rouge bondissait, volait par-dessus les limites de l'espace, et entamait sa longue chute vers la route, des dizaines de mètres en contrebas. Un bruit de fin du monde lorsqu'il s'écrasa dans l'avenue. Et le silence.

Un peu sonné, Max risqua un œil par-dessus le vide pour constater que le monstre ne bougerait plus jamais. Puis il porta sa main à son bras là où la queue l'avait atteint pour la dernière fois, et il la retira poisseuse de sang. Une large entaille s'était ouverte, pas très profonde heureusement, mais douloureuse. Enfin... Ca ne l'empêcherait pas de se battre pour se débarrasser des deux centaines de zombies qui les entouraient.
Euh... What ?
Ils ne les avaient pas vu s'amasser, trop absorbés par leur tâche, et désormais que Guernica était passé par-dessus bord, leur marée râlante s'était refermée sur eux. Tout le Toit était envahi et chacun des fronts de guerre était occupé. Tous étaient encerclés. Après la première hébétude, les humains se remirent en mouvement avec hargne, épuisés par leurs blessures et l'affrontement avec la Bête, las de devoir continuer ce bain de sang contre ce qui fut autrefois leurs compatriotes. Haletant légèrement alors que l'adrénaline précédente retombait sur lui comme une chape de plomb qui l'accablait de fatigue, Max saisit son banjo à deux mains malgré la douleur lancinante dans son avant-bras gauche. Il devait trouver un rythme qui lui permettrait de tuer le plus de zombies possibles sans trop faiblir, car désormais, ils étaient envahis. Les premiers coups fusèrent alors que les mains mutilée aux ongles jaunes tordus et sanglants se rapprochaient dangereusement. Max s'apprêta à s'élancer à son tour pour se frayer un chemin parmi les goules quand la gamine habillée en vert, Lizzie, neuf ans tout au plus, s'avança en criant des trucs complètement absurdes. Heeeew.
Un peu agacé par l'inconscience de la môme qui se jetait droit sur les prédateurs, il prit le temps de lâcher d'une main le manche de son instrument pour la saisir fermement par le bras et la tirer en arrière. Elle avait réussi à en tuer un à grands coups, mais à ce rythme là, elle tomberait de fatigue après le troisième si elle n'était pas dévorée avant.

- Déconne pas, petite. C'est pas un jeu. Tu vas sûrement pas te les farcir toute seule à ce rythme-là.

Il la tira derrière lui pour l'éloigner de la masse grouillante de morts-vivants qui semblaient déjà saliver à voir une si petite fille. Elle maniait peut-être bien sa crosse, mais elle n'avait pas l'air de mesurer le danger pour demander à des adultes, à neuf ans, de rester derrière elle pendant qu'elle leur lattait la tronche. Il lui lança un regard dur pour la dissuader de revenir à l'attaque, mais déjà un autre réfugié emmenait la gamine encore plus loin du danger. Bien.
Se retournant face aux zombies, il reprit son banjo de la manière la plus équilibrée possible pour s'économiser tout en portant des coups meurtriers. Gonflant les muscles, il écrasa son banjo dans plusieurs crânes, jurant dès que ses coups ne semaient pas la mort et qu'il se retrouvait à se débattre parmi des morceaux encore mouvants qui tentaient de le faire trébucher. Achevant les restes de coups de pieds et les transperçant de la partie métallique du manche de son banjo, il se débarrassa des quatre zombies qui le menaçaient directement, mais déjà la fatigue du combat revenait et ralentissait ses gestes, embrumant son attention. Le souffle court, il fit volte-face pour changer d'adversaire mais des doigts se refermèrent autour de sa jambe et il tomba à genou, alors que d'autres griffes s'enfonçaient dans ses reins et tailladaient son dos. Il gronda de douleur et asséna un nouveau coup avec la force du désespoir qui envoya deux autres goules au tapis. Se traînant comme il pouvait à l'abri, il s'affala à quelques mètres de là pour reprendre un peu son souffle avant de pouvoir repasser à l'attaque, gardant une main pressée sur ses nouvelles blessures qui tâchaient son T-shirt de sang poisseux et chaud.

• Soudain, les zombies les entourèrent.
  
  Angela maudit intérieurement tous les Dieux du monde pour leur faire subir ça. Ils avaient vaincu Guernica. Ne pouvaient-ils pas se reposer ? Apparemment, non. Quelle mierda. Plus d'une centaine de zombies venaient de débarquer sur le toit, et on commençait à manquer un peu de place. Mais encore, ça n'était pas ça le pire. Le pire, c'est la façon dont Lizzie se jeta dans la mêlée en hurlant. Le sang de la jeune médecin ne fit qu'un tour, mais Max se jeta avant elle et murmura à la gamine un avertissement avant de la mettre en arrière. C'est le moment qu'Angela choisit pour la saisir par le col plus violemment que ce à quoi elle s'attendait.
  
  " Viens par là, toi. "
  
  C'était plus un sifflement menaçant qu'une parole douce. Angela était d'une humeur massacrante, son mal de tête revenait dans ses tempes avec violence et la fatigue s'emparait d'elle, la forçant à pousser tout son corps pour se battre et fuir. Et qu'est-ce que cette gamine trouvait de mieux à faire ? Se jeter devant 200 zombies. Ouiii, bien sûr. Non armée, le médecin n'avait aucune chance de passer. Alors elle saisit un bout de grille d'aération cassée, et shoota le premier zombie qu'elle vit. Elle ne le tua pas, évidemment ; mais, encore suffisament svelte et rapide, elle se faufila jusqu'au poste de secours, où Engel galérait méchamment.
  
  Angela posa Lizzie à côté d'elle, et frappa une des goules qui attaquait Engel avec son bout de barre. Son bras blessé tirait et recommencerait bientôt à saigner, mais elle devait se battre. Ses yeux bleus brillant d'une lueur furieuse, l'étudiante aux cheveux noirs s'adressa à la gamine.
  
  " Si tu veux te battre, Lizzie, alors aide nous ici ! "
  
  Et pas en te suicidant face à une armée.
  

Bientôt, tout serait terminé.
Les toréadors se postèrent au bord du toit, dans un petit groupe. Ils s'agitaient, faisaient du bruit, criant ou aboyant selon leur espèce. Guernica ne ralentissait pas, pas même lorsqu'un projectile vint pourfendre son œil. Il ragea de plus belle, continuant à vouloir les attaquer.
Et puis, il se détourna brusquement, fondant sur Jill.
Morgan eut un pincement au cœur. Il aurait voulu agir, fondre sur elle, mais il ne parvenait à bouger, ne quittant pas du regard la bête, implorant il ne savait plus trop quel dieu pour épargner la vie de la jeune femme. Elle était celle qui méritait le moins ce sort, mais il semblait que le destin était désireux de s'acharner sur elle.
Et pourtant, Guernica ne fit pas mouche. Il n'atteignit jamais Jill, ne la frôla même pas. Non. Le monstre dérapa sur le sol, creusant de larges plaies dans le béton.
Et il chuta.
Un bruit lourd, de la taule froissée, un craquement sec. C'en était terminé du monstre.
Durant un vague instant, il n'entendit plus rien, si ce n'est le silence. Mêmes les goules aux alentours semblaient retenir leur souffle. Le temps semblait s'arrêter.

Et puis, après quelques secondes, il repartit.
Les goules s'amoncelaient encore, occupant le toit, les encerclant dans l'espoir de les mordre. Elles étaient nombreuses. Ce n'était pas encore terminé, la joie de savoir le monstre hors d'état de nuire fut de trop courte durée.
Les zombies étaient nombreux. Ils acculaient les toréadors, profitaient des blessés. Raffermissant son emprise sur la crosse, il frappa dans la tête d'un zombie, comme s'il s'agissait du palet de hockey. A terre, il lui assena encore un coup, l'achevant par la même occasion. Ils y en avaient trop, comment pourraient-ils s'en sort ? Avec un peu de chance, peut-être.
Jugeant rapidement les autres pour voir qui il pourrait aider, il accéléra l'allure en direction de Jill. Elle était seule, proche du bord, et simplement armée d'un parapluie. Faisant tomber quelques zombies en contrebas, il vint se tenir à ses côtés, arrachant au passage la tête d'un autre.


" Tout va bien, tu n'es pas blessé ? "


Il shoota un nouveau zombie, avant de vérifier brièvement qu'elle ne saignait pas.

Raté.
Mais tans-pis.
Parce que dans un virage incontrôlé, le monstre dérapa et passa par dessus bord. C'est dans un bordel monstre (ah-ah) que Gernica s'écroula lourdement au sol, fracassant voitures et goules alentours. Malgré tout, Raphaël afficha une moue. Pas drôle ce jeu ! Mais un boss c'est un boss, ses XP étaient sans doutes montés d'un coup ! Quand une main apparue devants son visage.

Vivement, il se releva d'un bond, et recula de quelques pas. Les goules, en bas, s'amassaient autour des groupes, par cinquantaines. Rageusement, il écrasa la main décomposée tendue vers lui contre le béton du toit, et cribla le crâne de la goule de balles. Saletés. Le boss était vaincu, mais ce n'était toujours pas fini !! Après 2 ou 3 têtes écrasée, l'adolescent recula de quelques pas, essayant d'être hors de portée des mains meurtrières, et se mit à canarder chaque tête qu'il parvenait à viser correctement. Mais les zombies ne tarderaient pas à atteindre son perchoir.

1,2... Raté... Raté... 3 ! Raté...

Ce fut le plus grand final qui soit. Le monstre fonçait sur eux, décidé à tous les emporter dans sa tombe. Mais le destin en changea l’issue. Au dernier moment, Guernica braqua, changea de direction et fonça droit sur Jill. Le cœur de Lily manqua deux battements. Durant une fraction de seconde, elle y vit sa fin, se figura qu’elle mourait. Mais encore une fois, il n’en fut pas ainsi. Emporté par l’élan et son poids, creusant d’énormes sillons dans le béton, il tomba dans le vide. Le temps sembla se figer, le souffle de chacun se suspendit. L’instant se brisa en autant de fragments que les poussières de verre qui recouvrirent l’ex-être vivant. Son cœur cogna dans sa poitrine. Sa vue resta trouble, le coton qui alourdissait chaque son depuis le début de sa chute ne se désagrégea pas. Il. Etait. Mort…

Elle se tenait près du bord, observant ce qui deviendrait sa tombe par les années. Un jour, dans des siècles peut-être, quelqu’un retrouverait sous les décombres ce qu’il fut. Comme eux tous. De pauvres âmes menées à la folie d’un monde qui les dépassait. Elle se tourna vers les survivants, mais tout semblait lui échapper. Ils combattaient pour cette vie qui pouvait s’arrêter n’importe quand, de la façon la plus horrible qui soit. Rien ne semblait l’atteindre. Elle était vide d’énergie, tremblante de la fièvre qui la rongeait, à bout de nerfs, blessée. Et ce fut le moment qui la fit revenir sur Terre. Le mur, le combat, le poids de la brique dans sa main. Mais surtout lui. Logan. Coincé. Acculé. Il multipliait les coups, mais était condamné à rester là, sur son perchoir. Son seul et unique ami. Celui à qui elle s’était confiée. Celui qui connaissait les plus noirs recoins de son âme torturée. Elle lui devait la vie…

Elle reprit espoir, elle reprit vie, écrasant la brique dans la tête d’une goule, et d’une autre. Elle se fraya un passage, elle-même ne sut comment. Elle le sentait dans ses tripes, elle devait le sauver. Le sauver comme il l’avait sauvée, elle. A sa façon. Hantée par une nouvelle rage de vivre, de vivre pour lui permettre de vivre l’envahit. C’était son état d’esprit. Au bord de l’évanouissement, elle était persuadée qu’elle devait le sauver. Les larmes roulant sur ses joues ne l’arrêtèrent pas, décolorant le sang  qui s’y mêlait. Elle n’avait de cesse de frapper les goules, arrivant jusqu’à son perchoir. Elle frappait, et frappait, et frappait. Dans le vide parfois. Elle ne réfléchissait plus, guidée par son instinct de survie. Et de sa voix éteinte, rendue rauque par la fumée qu’elle avait inhalée, elle lui dit, presque silencieusement :

Je t’en prie, ne meurs pas…

Elle avait levé son visage vers lui, l’air misérable, couverte de sueur, de sang, de suie et de larmes. Et ses mots avaient sonnés comme une prière désespérée. Sa brique s’abattit encore une fois, et ses dernières forces la quittèrent. Elle lâcha le lourd morceau pierreux, incapable de tenir plus longtemps, et son corps sombra dans les ténèbres. Elle tomba au milieu des corps des morts, les yeux clos, le sang coulant de ses plaies. Sa poitrine blessée se soulevait au rythme de son cœur, lent, parfois irrégulier. Mais elle était vivante…

Les goules tombaient les unes après les autres. Tuées par les survivants, rongées par le feu, ou aspirées par le vide. Le Toit semblait un cimetière géant, peuplé de vivants…

Logan essayait de couvrir les arrières des autres depuis son point en hauteur en ignorant tant qu'il le pouvait les zombies qui s'agglutinaient autour de lui, cherchant à grimper pour faire de l'homme leur repas de chair fraîche. Ainsi, il donnait des coups de pied pour les dégager, économisant un maximum ses balles. Cependant, il était coincé. Il y en avait trop, déterminés à l'atteindre. Et lui commençait à paniquer. Ses munitions n'étaient pas infinies.

Mais il continua de se concentrer sur le groupe de survivants, tuant définitivement les morts qui s'approchaient de trop près de ceux en difficulté. Puis il la vit. Lily, blessée mais toujours debout, qui se dirigeait droit vers lui. Elle devait avoir remarqué qu'il avait des problèmes. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Elle n'était armée que d'une brique, n'était plus en état de se battre, qu'elle s'arrête donc ! Elle allait se faire tuer si elle continuait ainsi !

« Lily, arrête ! »

Et elle s'arrêta. Sûrement à bout de force, elle s'écroula, proie facile. Un frisson lui parcouru le long du dos. Il ne pouvait pas la laisser mourir. Il donna un coup de crosse dans la tête d'un rôdeur qui s'était hissé à sa hauteur, avant de s'apprêter à descendre dans la masse, décidé à sortir la jeune femme de l'enfer, même s'il prenait un gros risque.

Mais il ne l'avait pas entendu. Le sifflement. Il ne vit rien venir : le souffle brûlant de l'explosion le projeta en arrière, le faisant tomber de son piédestal, rouler durement sur le sol de béton, s'arrêter à quelques centimètres du bord du toit par dessus lequel les rôdeurs plus proches de l'explosion que lui tombèrent et rencontrèrent le sol.

Complètement sonné, les oreilles sifflantes, une douleur atroce dans le dos, les coudes et les genoux joliment éraflés, son arme projetée il ne savait où, ses lunettes perdues plus loin, Logan fut dans l'incapacité de se relever.

Le bout de la crosse de hockey rencontra de nouveau la tête d'un zombie. De ce côté là, ça semblait se calmer un peu.
Un sifflement, une explosion. Et des zombies qui volent et tombent du toit. Et Logan qui tombe de son promontoire pour s'échouer sur le sol. Et surtout, Logan qui ne se relevait pas. Non !
Se retournant vivement par Jill, il lui souffla qu'il devait y aller, avant de courir dans la direction de son ami. Ne pas laisser un zombie l'approcher. Il ne fallait pas qu'il soit mordu, ni même griffé. Accélère, encore.
Il s'arrêta brusquement en cours de route, avisant Lily-Rose, elle aussi dans un état quelque peu comateux. Morgan ne prit pas la peine de réfléchir, et s'approcha d'elle, glissant son bras libre sous ses aisselles, la hissant sur son épaule. Quelques pas, et il rejoignit l'ancien flic.
Déposant la jeune femme contre le mur de ce qui fut le poste de tir de Logan, il en fit de même pour ce dernier, les plaçant l'un contre l'autre pour ne pas qu'ils tombent par terre. Il fit dos aux survivants, et face aux zombies.
Tenez bon. Je vous interdit de crever maintenant, pas après tout ce que vous avez fait.
Traverser le toit pour les emmener au poste de secours aurait été trop dangereux. Alors, il les protégerait coûte que coûte, et ne laisserait aucun de ces monstres les approcher à moins de deux mètres, jusqu'à ce qu'ils se réveillent, ou jusqu'à ce qu'il ne reste plus le moindre zombie dans les environs.

Bête déchainée, tueur confirmé, il ignora les douleurs qui s'emparaient progressivement de ses muscles, de la fatigue qui l'accablait doucement. Il frappa, encore et encore. Certains mourraient immédiatement, d'autres avaient besoin de plus de coups tendis qu'ils suffisaient d'en repousser quelques uns pour les faire tomber par-dessus le toit.
Il avala sa salive difficilement, un goût amer dans la bouche, tentant de reprendre au plus vite son souffle. Et il reprit le massacre, au taquet du moindre zombie qui daignait s'avancer un peu trop près du petit couple improvisé du moment.

>> Lorsqu'il se rendit compte que Taluk aboyait, Nathan tourna la tête et se rendit compte de l'horreur en même temps que les autres.

Des zombies, partout, plus d'une centaines. Sortant de leur torpeur, tout le monde se mit à fracasser des cerveaux et des crânes, afin d'éliminer cette nouvelle menace qui les coinçait sur le toit. Lizzie se mit devant eux avec sa crosse de hockey en hurlant à tors et à travers, mais Max l'écarta et Angela, surement me par un instinct maternel autrement plus efficace que celui de Nathan, eu la présence d'esprit de tirer la gamine en arrière. Le jeune homme, lui, se précipita vers la porte du refuge, qu'il entrouvrit juste assez pour se glisser dans l'interstice et attraper son arme secrète, qu'il avait laissé là en sachant que Guernica risquait de la briser.

Son fidèle katana.

L'arme était tout simplement posée contre le mur derrière la porte, dans l'obscurité. Nathan se saisit du fourreau et le boucla à sa ceinture, le tout en quelques secondes. Il savait que Max protégerait Angela et Lizzie, mais il préférait revenir le plus vite possible. Il passa la porte en la claquant derrière lui, attirant l'attention de quelques goules, et attrapa la garde de son sabre. Un demi-sourire éclaira son visage en entendant le son familier de l'acier quittant le fourreau, et sentant le tressage de la poignée sous ses mains, en voyant briller le dragon gravé à la base de sa lame.
Il trancha la tête d'un premier zombie, pour le kiff, et fit tomber un second d'un coup de pied à la poitrine. Puis il rejoint Angela et se plaça devant elle et Lizzie, la lame en avant. La formation habituelle. Taluk vint se planter près de lui, sa petite queue touffue dressée, aboyant comme un fou à l'encontre des zombies.

Tssssssssssss - BOOM !

A l'autre bout du toit, il vit une bonne dizaine de goules tomber, fauchées par une explosion. Entre les corps errants, il distingua une canalisation ouverte. Certains zombies prirent feu, s'ajoutant à ceux déjà allumés par Guernica. Il commençait à faire vraiment trop chaud sur ce toit.
Reprenant ses esprits, Nathan poussa du toit une goule qui s'approchait d'Angela, puis se retourna pour en décapiter une autre. Dieu, qu'il était bon d'utiliser son arme préférée. En vue du combat contre Guernica, il s'était entraîné au maniement du bâton shaolin, délaissant le sabre qui lui avait si souvent sauvé la vie, et le retrouvait avec bonheur. Du coin de l’œil, il vit Taluk renverser un zombie au sol et le traîner par une jambe jusqu'à ce que l'articulation pourrie ne cède, laissant le zombie au sol, incapable de se relever. Il restait néanmoins dangereux jusqu'à ce que quelqu'un l'achève.

-FAITES GAFFE AUX RAMPANTS ! cria-t-il à la cantonade, bien que la plupart des survivants connaissent la menace. On ne sait jamais.

La boîte crânienne de la goule émit un craquement sinistre lorsque le talon d'Icare la percuta. Ladite goule fut projetée en arrière et s'écroula quelques mètres plus loin, inerte. Le blond avait déjà éliminé six ou sept zombies à distance à l'aide de son lance-harpon, mais les morts-vivants s'accumulaient au pied de son perchoir, et il ne pouvait les buter qu'à coup de talon, trop occupé qu'il était à éliminer des cibles à distance. Et c'était un euphémisme de dire qu'une demi-douzaine de zombies tentant de vous attraper par les pieds n'aidait pas à viser. Icare était un piètre tireur, c'était bien la première fois qu'il parvenait à tuer - ou re-tuer, en l’occurrence - autant de zombies en une seule bataille.

Si il s'en était plutôt bien tiré au début, la situation commençait à devenir critique. Au début, le blond repoussait sans trop de peine les quelques goules qui tentaient de le déloger, mais désormais, ces dernières étaient près d'une dizaine à s'accumuler à ses pieds. Ce n'était plus gérable, d'autant que les autres survivants étaient trop occupés à lutter contre leurs propres assaillants pour lui venir en aide... S'il ne trouvait pas rapidement une solution, le musicien serait bientôt, au mieux, coincé, au pire, dévoré par un peloton de goules affamées...

Inspirant un bon coup, Icare arrêta de tirer. Ce qu'il s'apprêtait à faire était aussi audacieux que dangereux, mais il n'avait pas le choix. Reculant pour bénéficier du maximum d'élan que son étroit perchoir pouvait lui offrir, il courut sur le mètre et demi dudit perchoir et bondit. Il aterrit au milieu des goules qui l'encerclaient quelques secondes plus tôt, mais, sous l'effet de surprise - ou d'un manque de réactivité du à leur statut de cadavre, ce qui est plus probable -, ces dernières ne réagirent pas immédiatement. Quand elles remarquèrent que l'objet de leur appétit n'était plus à la place qu'il aurait dû occuper, ce dernier avait déjà filé.

Il se précipita vers la cage d'escalier. Si il parvenait, à l'aide des autres survivants, à éliminer les zombies qui la peuplaient, l'accès au Refuge serait sécurisé. Lorsqu'il entra à l'intérieur, il sentit des griffes pénétrer dans sa chair. Se retournant dans un cri de douleur et de surprise, le Blond décocha un coup de pied à son adversaire, qui roula au sol dans un râle. Il jura et poussa le cadavre dans l'escalier. Celui-ci roula le long des marches avant de s'affaler au palier inférieur. Si la goule n'était pas achevée, elle n'était plus dangereuse à cette distance.

Alors qu'il lattait sa première goule à coup de harpon, une détonation retentit.

Encore dans les vapes, un cognement répétitif contre son crâne l'empêchant d'avoir les idées claires, Logan sentit que quelqu'un le traînait. Quelqu'un qui de toute évidence, avait assez de force pour gérer plus au moins correctement un poids comme lui. On l'adossa à un mur, provoquant l'apparition d'une grimace inconsciente sur son visage. Son dos. Il avait terriblement mal au dos. Un mal de chien.

Il sentait une présence près de lui, ainsi qu'une autre, probablement celle qui l'avait récupéré, non loin d'eux. L'homme n'entendait rien, sinon un "biiiiip" qui lui paraissait infini accompagné du cognement qu'il finit par reconnaître comme étant simplement les battements de son cœur affolé contre sa tempe. Logan n'avait même pas eu le temps de penser qu'il allait mourir, mais il avait eu très peur.

Puis peu à peu, les sons revinrent. Il entendit les râles des zombies, les cris de survivants dont il ne pouvait distinguer les mots, les coups de feu, le respiration bruyante due à l'effort de la personne qui les protégeait, question de logique. Il pensa à Lily qu'il s'apprêtait à sauver au moment de l'explosion, à Morgan qu'il avait vu se battre, à Jill qui avait frôlé la mort sous les crocs de Guernica, aux autres qui faisaient tout pour sortir vivant de cet enfer, à son arme perdue quelque part sur le toit, peut-être même tombée de celui-ci, à ses...

L'ancien flic ouvrit brusquement les yeux, ne rencontrant qu'un flou obscur proche du noir complet. Son cœur s'affola un peu plus, il porta la main à son nez : ses lunettes. Il avait perdu ses lunettes. Il ne voyait rien d'autre que des formes extrêmement vagues. Logan se sentait aveugle, perdu, comme dans un cauchemar. Fermer son œil voyant ou enlever ses lunettes, c'était pareil pour lui. Ce n'était pas pour rien qu'il ne s'en séparait quasiment jamais, qu'il les gardait toujours à portée de main. L'homme sentit la panique l'envahir : il ne le supportait pas. Il ne supportait pas de perdre tous ses repères avec sa vue.

« Mes lunettes ! Où sont mes lunettes ?!! »

Sa voix était mal assurée, étant encore secoué, et à la limite de la supplication. Il essaya de se relever, mais un éclair de douleur le stoppa net : il étouffa un hurlement, une plainte que la douleur tenta de lui arracher mais qu'il retint tout juste, se contentant de se laisser lourdement tomber au sol, la souffrance mélangée à un sentiment proche de la terreur gravés sur son visage. Il se fichait bien de l'état de ses genoux, de ses coudes, de ses paumes et de ce qu'il avait bien pu se faire au dos. Son cœur ne s'arrêterait pas de battre bien trop vite et la panique que son corps meurtri l'empêchait d'exprimer ne s'apaiseraient pas tant qu'il ne les aurait pas récupérées.

" Mes lunettes ! Où sont mes lunettes ?!! "

La voix retentit dans son dos, et il baissa durant une fraction de seconde sa garde, jetant un bref regard du coin de l’œil à Logan. L'homme brun tenta de se relever, avant de retenir un cri de douleur et de se laisser retomber au sol. Merde, il allait moins bien que prévu. Serrant les dents, Morgan se reconcentra une seconde trop tard, lorsqu'un zombie vint se saisir de ses épaules et manquer de lui mordre la gorge. Son cœur manqua un battement, il le dégagea d'un puissant coup de pied en se glissant en arrière, les yeux écarquillés, entendant clairement les dents claquer à côté de son oreille. Les ongles vinrent déchirer ses épaules, il projeta la goule en avant, faisant par la même occasion chuter quelques ennemis, tâchant aussi de rassurer son ami.


" Logan, c'est Morgan... "

Le zombie mort et le souffle court, il profita du maigre instant de répit pour parler d'une voix rapide à Logan, tachant cependant de garder un maximum son calme.


" Bouge pas vieux. Reste tranquille et...dors, enfin contente-toi de rester aux côtés de Lily. Ça sera plus simple pour toi. Et pour moi. Je tacherais de t'amener tes lunettes lorsque les choses deviendront plus calmes. Fais moi confiance. "

Non parce que c'était compliqué de dormir lorsqu'une armée de zombies stagnait autour de vous.
S'il commençait à vouloir bouger, il ne pourrait plus le protéger, à moins de négliger la défense de Lily-Rose. Il espérait que le flic l'écouterait, et cesserait de s'agiter.
D'ailleurs, elles étaient où, ses lunettes ? Les recherchant vaguement parmi le déluge de goules, il lui sembla les apercevoir entre deux corps putréfiés, près du bord. Trop dangereux pour l'instant, il se refusait à laisser les deux blessés sans surveillance, ne serait-ce que pour un bref moment.
Assenant un nouveau coup, il remarqua la courbure inquiétante que prenait son arme de fortune. Oh merde, non. A continuer ainsi, elle finirait par se tordre complètement, et serait bien moins efficace.
Soit, ce n'était pas le moment de s'inquiéter pour ça.
Réajustant les lunettes de soleil et son foulard, histoire d'éviter la moindre possibilité de contamination, il se remit en garde et frappa de nouveau.

Peut-être que vous pourrez survivre, en fin de compte. Grâce à Guernica.

A présent que la masse de zombies diminue, vous pouvez constater par vous-même les dégâts occasionnés par la Bête sur les goules présentes : elles sont pour la plupart sévèrement diminuées, à moitié estropiées, voire à deux doigts de la seconde mort. Elles trébuchent sur les restes de marcheurs écrasés et sont parfois bien vulnérables. De plus, celles qui flambent commencent déjà à s'affaisser.

La combustion semble être montée jusqu'à leur cerveau. Les zombies enflammés depuis le plus longtemps s'écroulent les uns après les autres, parfois sur leurs camarades, les enflammant à leur tour. Un liquide brunâtre s'écoule de leurs narines.
Un poète aurait noté la ressemblance frappante de leurs têtes avec un pot de nutella resté trop longtemps au soleil. La pellicule d'huile de palme en moins.

Ils ne sont désormais plus qu'une centaine à se dandiner sur le Toit. Plus une petite trentaine à s'agglutiner dans les escaliers.

Prenez cependant garde à ne pas vous faire toucher par les flammes ! Ou vous vous changeriez en torche à votre tour.

BANG.

Guernica était mort.

BANG.

Mort, écrasé au bas de l'immeuble.

BANG.

Ils n'entendraient plus jamais parler de lui, sauf peut-être lorsque ses restes à demi-digérés viendraient empester le Toit, leur puanteur montée jusqu'aux cieux par les courants chauds et le soleil estival.

BANG.

Et lui n'arrêtait pas de canarder les zombies.

BANG.

La tête d'une goule explosa, tandis que la balle continuait son petit bonhomme de chemin pour aller défoncer quelques autres cadavres mouvants un peu plus loin. Imperturbable et surtout infatigable, il alignait les tirs et faisait éternellement mouche - Lorentz ne ratait jamais sa cible, parce que Lorentz était sur-entraîné, et surtout, parce que Lorentz adorait tirer dans le tas. Si ses traits étaient durs et concentrés, une part de lui souriait, à l'intérieur. Une part bien cachée qui se riait de voir ces corps qui s'échouaient lamentablement à chaque coup qu'il tirait.
Les brûlures sur son bras et son torse le lançaient - sûrement encouragées par le soleil de plomb qui les irradiait désormais de large rayons brûlants -, au même titre que son dos, légèrement. Il avait rapidement roulé sur le côté au moment où la queue de Guernica passait sur le groupe de toréadors pour l'éviter. Et force était de constater que ce genre de petite acrobatie lui réussissait moins qu'auparavant.
Et ça lui foutait les boules.

Un reflet lumineux l'éblouit momentanément, le contraignant à porter sa main en visière au niveau de son front. Tournant la tête, il se rapprocha un peu, continuant de plomber tout ce qui s'approchait - et voyant par la même occasion son stock de cartouches décroître de manière inexorable et fortement tragique -, et finit par distinguer des lunettes qui gisaient au sol. C'est en les ramassant qu'il entendit le cri de Logan, un peu plus loin. Soupirant, il rejoignit l'ex-flic et Morgan, qui continuait de tataner des zombies en mode hooligan à lunettes. Il asséna des coups de crosses dans les faces des goules qui osaient s'approcher suffisamment de lui pour l'effleurer du bout des doigts.
Arrivé sur place, il se baissa vers Logan, lui tendant ses lunettes.

- Enfile ça.

Il se retint de justesse d'ajouter et arrête de chouiner en fin de phrase, mais la soudaine apparition d'un couple de goules sur sa droite le coupa dans son élan. Il les repoussa d'un violent coup de pied dans l'abdomen, avant de les flinguer à leur tour.

Lorentz rechargea, encore. Il ne lui restait plus que quatre cartouches.

Viser, frapper, tuer. Cette action qu'il répétait sans cesse, faiblissant progressivement mais ne se laissant pas abattre pour autant, continuant sans ralentir son rythme. L'adrénaline l'aidait un peu sur le moment, même si elle risquait de disparaitre bientôt, à son plus grand désarroi. Soit, en espérant que Logan et Lily-Rose serait plus opérationnel à ce moment là, histoire de pouvoir souffler cinq minutes.
Il secoua légèrement la tête, chassant un peu le sang répandu sur les verres de ses lunettes et qui obscurcissait sa vue. Encore un coup, encore un zombie d'achevé.


" Enfile ça. "

Il fut surprit d'entendre cette voix dans son dos. Lorentz venait de rejoindre Logan, lui rendant ses précieuses lunettes. Et bah ça, pour une surprise, il ne s'attendait pas à le voir par ici. Coup de feu, deux zombies qui s'écroulent, l'agent de sécurité qui fait mouche sans la moindre difficulté. Joli.
Enfin, il ne devait pas se laisser déconcentrer par quoi que se soit, et reprit les mêmes geste habituels.
Viser, frapper, tuer. En espérant qu'avec ses lunettes sur le nez, Logan pourrait au moins tirer de sa position, assurant ses arrières.

Morgan ? C'était donc lui qui était venu l'aider ? Qui se démenait pour sauver sa vie en même temps que la sienne ? Ce... ça ne le surprenait même pas. C'était un bon ami, ils tenaient l'un à l'autre après tout, c'était dans ce genre de moment qu'on s'en rendait compte. Morgan son pote, qui lui disait de dormir ! Malgré la douleur, sa peur et la gravité de la situation, il ne put s'empêcher d'avoir un court et léger rire, qui stoppa net quand le blond parla de Lily. Alors c'était la jeune femme, à côté de lui ? L'ancien flic ne put réprimer un soupir de soulagement à ce sujet : il avait bien cru qu'elle était restée où elle était, proie facile pour les nombreux rôdeurs sur le toit, que Morgan était entrain d'éliminer comme il le pouvait. Mais oui, Logan lui faisait confiance. Aussi se concentra-t-il sur les battements de son propre coeur, tâchant de se calmer. Il récupérerait ses lunettes et sa vue. Il ne devait pas paniquer, il ne devait pas se laisser emporter par la crainte du flou obscur qui remplaçait le décor. Il pouvait faire confiance à son ami.

« Je ne peux pas aller bien loin de toute façon ! » Si son ton se voulait détendu, ce n'était pas vraiment le cas. Il voulait juste ne pas l'inquiéter, paraître sûr de lui et montrer qu'il ne comptait pas essayer d'aller voir ailleurs afin que l'homme n'ait pas une préoccupation en plus que celles qu'il avait déjà.

Une voix froide retentit alors, en même temps qu'on lui glissait quelque chose dans les mains. Lorentz. Ses lunettes. Lorentz, qui comme toujours, était incroyablement agréable. Mais oui, ce n'était peut-être pas le moment de l'être, ahem. Tachant d'ignorer l'agitation autour de lui, très certainement due à un nouvel assaut de goules, Log' remit ses lunettes avec quelques difficultés, ses mains étant tremblotantes. Il put enfin voir, sans remarquer que le verre de son côté aveugle était brisé.

« Merci. »

Sans plus. Il était plus reconnaissant que ce qu'il laissait transparaître, mais il sentait bien qu'il faisait plus chier le gris qu'autre chose. De toute façon, il n'en avait bien rien à foutre, de ce que le boss pouvait penser de lui. La première chose qu'il fit après avoir respiré un bon coup, reprenant le contrôle de ses émotions, fut de s'assurer que Morgan n'était pas en trop mauvaise posture. Ca avait l'air d'aller, mais qu'il soit couvert n'aurait pas été plus mal. Sauf que Logan n'avait plus son arme. Elle avait du tomber quelque part... pitié pas dans le vide. Ne pouvant rien faire de plus de ce côté-là, il tourna la tête vers sa voisine. Lily. En sale état, évanouie mais vivante, au vu de sa poitrine qui se soulevait toujours et régulièrement. Il pouvait au moins cesser de trop s'inquiéter pour la jeune femme. Peut-être pourrait-il commencer à faire attention à lui-même. C'est que son mal ne cessait pas. Et il sentait quelque chose - ahah - couler là derrière. Il n'osait pas plaquer le milieu de son dos contre le mur, commençant à se douter de ce que lui était arrivé. Il avait d'abord cru, l'esprit embrouillé, à une blessure due à la chute. Mais maintenant qu'il se rendait compte qu'il saignait, Logan se doutait de plus en plus que l'explosion avait du projeter quelque chose d'assez pointu, tranchant ou il ne savait quoi pour que ça se loge dans sa chair et lui fasse assez mal pour qu'il ne puisse plus se lever tout de suite.

Grimaçant, le brun gardait l'oeil ouvert, prêt à avertir les deux autres de l'arrivée de goules par les côtés. Bon sang ce qu'il ne supportait pas être coincé au sol à ne rien pouvoir faire pour aider.


[Édité ~]

Tchak.

Le harpon se planta dans la gorge déjà bien abîmée du mort-vivant, désolidarisant sa tête du reste de son corps. Ledit corps s'affaissa, tandis que la tête dégringola les escaliers, au bas desquels elle percuta un mur et ne bougea plus.

Cling.

Le câble du harpon se tendit, s'enroula autour de la bobine et vint reprendre sa place le long du canon de l'arme.

Tchak.

Le harpon se planta dans la cuisse de la goule, qui n'en sembla pas ennuyée le moins du monde et continua sa lente et laborieuse ascension des marches malgré l'épaisse pointe de métal qui lui transperçait la jambe.

Cling.
Tchak.

Icare visa encore. Cette fois, la lame se planta entre les deux yeux du zombie, qui s'écroula et roula au bas des marches, entraînant un autre mort-vivant dans sa chute. Deux pour le prix d'un.

Cling.
Tchak.

Le harpon se planta dans le thorax de la goule avec une telle violence qu'elle fut projetée en arrière.

Cling.

De Dieu que sa blessure lui faisait mal.

Tchak.

Il tirait et tirait encore, inlassablement.

Cling.

Il commençait à avoir sérieusement besoin d'aide.

Tchak.
Cling.
Tchak.

Dieu merci, la situation leur semblait de plus en plus favorable.
Devant lui, les zombies se faisaient de moins en moins nombreux. Lorsqu'il put enfin voir la délimitation du toit dans son intégralité, sans zombie devant les yeux, un profond sentiment de satisfaction s'empara de lui. Il voyait enfin le bout de ce massacre, et pouvait compter les quelques zombies en face de lui sur une main.
Le bout de la crosse de hockey vint shooter dans un crâne. Il se détacha du cou dans un craquement glauque, roulant sur le sol jusqu'à tomber du toit, laissant le corps sans tête inerte sur le sol.
Un grognement sourd, un grognement étouffé, un nouveau cadavre. Un zombie que l'on pousse sur un autre, et les deux qui tombent du toit.
Au fond de lui, Morgan se réjouissait de tout cela. Un peu d'exercice intensif n'avait jamais fait de mal, et tuer des zombies devaient-être l'une des activités auxquelles il avait prit le plus goût. Mais il commençait à fatiguer, s'il n'avait déjà atteint le bout de ses forces.
Aussi fut-il soulagé lorsque la dernière goule de sa zone passa sous sa crosse. De ce côté-ci du toit, il n'y en avait plus, du moins pas dans son proche périmètre. Il irait voir sur autres côtés du mur après.

Pivotant sur lui-même, il fit face à Logan et Lily-Rose. Cette dernière somnolait toujours, et il n'aurait su dire si c'était bon signe ou pas. Logan semblait reprendre ses esprits, mais était loin du top de sa forme. Humf. Il espérait de tout cœur qu'il n'avait rien de trop grave.
Quelques pas en largeur en prenant soin de ne pas trop s'éloigner des deux rescapés, la crosse de hockey tenue dans une main, il resta encore sur ses gardes, dans l'attente du feu vert ou d'une quelconque affirmation qui lui signalerait qu'il n'y avait plus de zombies.

Elle commença à émerger. Son pouls battait durement à sa tempe, au début, elle voyait flou. Le son lui parvenait comme si elle était immergée. Sourd. Elle fronça les sourcils, cligna des paupières, gémit. Elle eut enfin une vue normale. Le calvaire serait bientôt fini. Elle tourna la tête. Logan était à côté d’elle. Sain, sauf. Enfin… Pas vraiment. Un filet de sang lui teintait le dos. Elle se releva un peu, regarda plus attentivement.

Et merde…

Elle écarquilla les yeux. Il avait un bout de verre planté dans le dos. Probablement envoyé valser par l’explosion. Elle sentit son cœur s’affoler un peu. Elle ne voulait pas le perdre, surtout pas maintenant. Son ami. Celui qui savait. Non. Il. Ne. Pouvait. Pas. Mourir. Une lueur de détermination passa dans ses yeux émeraude. Elle devait le défendre. Elle avait la trouille de le perdre. Son dos la brûlait. Elle n’imaginait même pas la douleur du brun.

Logan, p..panique pas, mais t’as un tesson d’bouteille dans le dos. Ne bouge surtout pas.

Elle respira profondément. Il fallait trouver une solution, et vite. Elle se releva, ignorant la douleur qui irradiait de chacun de ses membres, sa tête qui lui tournait. Elle tourna la tête de chaque côté. Une poignée de zombie se traînaient encore. Elle était debout au moins. Elle inspira, avisa Morgan qui les protégeait. Elle s’approcha de lui, ramassa la brique qui lui « appartenait » et dit au blond :

Faut que je trouve Angela. T’en fais pas pour moi. Merci.

Et elle partit à l’assaut du Toit. Ses jambes étaient ce qui la faisait le moins souffrir, bien qu’elles lui semblaient fort lourdes. Elle avançait lentement, mais sûrement, écrasant la gueule des goules rampantes (mortes et moins mortes) sur son passage contre le béton sous ses pas. Le fait qu’elles soient putréfiées à un degré assez important aidait à la chose… Elle aperçut une tignasse noire, plus loin et s’approcha. Elle se concentrait sur ce but. Elle s’approcha, posa sa main sur son épaule, la tête lui tournant un peu plus. Elle était au bord de l’épuisement.

Angela, c’est… C’est Logan.. Il a un gros bout de verre dans le dos.