─ Mythri

Elle est née le 16 décembre 1994, et a donc 21 ans au moment du virus - mi 2016. De sexe -et genre- féminin, elle est bisexuelle. Assez pour les informations non fondamentales, passons à l’important.
Famille : père et mère issus de l’immigration -indienne. Son père est ingénieur -cliché, mais… il y en avait quand même, hein- et sa mère infirmière. Elle est fille unique. Son père meurt quand elle a 7 ans -en 2002. Elle quitte le foyer à l’âge de 18 ans -2013, pour aller à l’université, qu’elle abandonne un an et demi après. Elle rencontre Jill par hasard dans la rue. Sa première impression de lui est mauvaise -ou du moins étrange, tendance bizarre. Elle est brouillée avec sa mère, mais très proche de sa grand-mère. Elle n’a pas vraiment eu de modèle masculin dans son éducation, dans la mesure où son père est mort quand elle était jeune. Elle passe une enfance relativement humble, ce qui lui inculque certaines valeurs.

1994-2001 (0 à 7 ans) : bonne situation familiale, sans être trop gâtée pour autant. Ses deux parents ont de hautes attentes, pour des raisons différentes. Elle pratique le tennis et le violon -elle joue jusqu’à ses douze ans, date à laquelle elle arrête les cours, faute d’argent. Elle ne continue pas après. Ses parents souhaitent une famille nombreuse -au moins quatre enfants dans l’idéal- mais ne le peuvent pas, ce qui crée déjà une sorte de fantôme chez eux, et qui affecte particulièrement son père, sa mère était d’avantage terre-à-terre et résignée. Le père aurait voulu une garçon, et la traite donc comme telle, sans pour autant genrer tout à fait son éducation : elle est un être humain avant d’être un garçon ou une fille, mais pratique beaucoup d’activités vues comme traditionnelement masculines, et on l’encourage vers des études scientifiques. On inculque aussi des valeurs “masculines”, comme le fait de retenir ses larmes, ou de ne jamais se laisser marcher dessus. Elle n’a pas beaucoup d’amis du fait de cette singularité, ni chez les filles -sauf une, qu’elle oubliera vite ensuite- ni chez les garçons, ne pouvait vraiment s’identifier ni aux unes ni aux autres.

2001-2006 (7-12ans) : son père meurt en 2001. Leur situation change, et sa mère et elle déménagent pour la ville -le suburb de celle-ci pour être exacte. Elle vit donc à New York, dans le quartier indien - à Lower East Side, Manhattan. Elle se fait un peu d’argent en aidant des personnes âgées.

2006 (12ans) : rupture. Sa mère est hospitalisée pendant six mois pour cause de dépression sévère. Mythri va vivre chez sa grand-mère. Elle perd encore une fois le peu d’amis qu’elle avait. Elle devient un enfant solitaire, et se forge elle-même. Elle devient plus introvertie, malgré une nature extravertie et sociable. Elle retourne ensuite vivre chez sa mère, changée. Le souvenir de sa grand-mère est irrémédiablement gravé en elle, et elle ne l’oubliera jamais. C’est vers elle qu’elle se tournera en cas de coup dur. Elle ne retourne pas chez elle -elle habite trop loin, vers Phoenix, et sa mère ne voyage pas- mais l’appelle souvent. Elle devient une enfant un peu plus facile à vivre, et elle et sa mère s’installent dans un autre appartement, plus petit encore, toujours à Manhattan.

2006-2010 (12-16 ans) : periode difficile. Elle se fait toujours un peu d’argent (d’abord dans la rue en vendant des gâteaux, en promenant les chiens de ses voisins trop âgés, puis en tant que serveuse dès 2011). Sa mère travaille énormément, à la fois pour assurer leur subsistance et pour fuir le foyer et la réalité. Cet argent lui sert à financer les études de sa fille, pour qui elle espère une vie meilleure que la sienne. Elle n’a pas non plus à se plaindre en tant qu’infirmière, mais elle rêve d’élévation sociale à travers sa fille -qu’elle destine à être ingénieure, comme son père. Mythri n’y aspire pas, et devient une jeune fille éffacée et triste. Elle essaie de changer pour satisfaire sa mère et la rendre fière.

2010-2013 (16-17/18 ans) : Mythri renonce à changer. Elle travaille toujours, en tant que serveuse. Son caractère s’affirme, et un peu de la Mythri d’autrefois ressurgit. Elle affronte sa mère et lui annonce qu’elle ne veut pas être ingénieur.

2013 (17/18 ans) :Elle obtient sa graduation, à l’âge de 17 ans -elle est de fin d’année, décembre. Elle va à l’université en Californie, à San Diego. Faute de moyen, elle vit à la limite de la zone industrielle, vers le mall de Sun City. Elle étudie la littérature à San Diego City College. Elle est censée finir ses études en 2017, à presque 22 ans. Elle vit dans un petit appartement de 12m². Elle jongle entre ses études -qu’elle peine à suivre, faute de temps et d’intérêt, et divers jobs étudiants. Elle rencontre Jill, perdu dans la rue, avec qui elle finit par passer une partie de la nuit dans la rue.
Elle fait face à un problème financier -l’argent de sa mère sert à payer l’université, et ses jobs à elle ne peuvent plus payer loyer, nourriture et diverses factures. Elle dort dans la rue pendant une semaine, avant que deux de ses amis ne s’en rendent compte -elle gardait cela pour elle, renfermée- et ne l’invitent chez eux. Elle y restera tout le mois de novembre et décembre. Elle est toujours en contact avec Jill, d’abord via sms et Skype, puis en vrai. Ils se rapprochent l’un de l’autre, et décident finalement de sortir ensemble.

2014 (18/19 ans) : Mythri commence à se forger ses propres opinions à force de se renseigner beaucoup; elle s’intéresse au fonctionnement du monde, et surtout, se révolte contre celui-ci. Elle déménage en janvier dans l’appartement de Jill, ne supportant plus de profiter du logement de ses amis -elle n’aime pas être un fardeau. Elle abandonne l’université -faute d’intérêt et d’argent- et a l’opportunité de devenir professeur de yoga pendant quelques mois -elle pratique depuis son adolescence, avec plus ou moins de régularité, s’étant intéressée à la culture traditionnelle indienne - l’appartement de sa grand-mère regorgeait de livres sur cette pratique, sur les médecines alternatives, et les recettes au curry -cliché mais vrai. Elle perd tout contact avec sa mère, qui ne supporte pas -avec raison?- qu’elle ait abandonné ses études, mais est toujours très proche de sa grand-mère, qui la soutient dans sa quête d’une vie plus heureuse, plutôt que de la juger.

2015-2016 (20-21 1/2) : elle est engagée en tant que serveuse à temps plein dans un restaurant indien, du fait de ses origines. Sa relation avec Jill devient plus sérieuse.
Puis Solanium - en avril, 21 ans et demi. Sun City. Cette histoire.

Une journée comme toutes les autres. Elle tenait à peine debout dans le métro. Mais la pensée des congés qui arrivaient l'aidaient à rester droite. Elle parcourut machinalement le chemin qui séparait la station de son petit studio, le nid qu'elle partageait avec Jill, son compagnon depuis maintenant quatre ans. Cela faisait maintenant six mois qu'elle avait définitivement abandonné ses études. Si elle aimait les lettres et l'art, la façon dont elle les apprenait en cours lui semblait aussi éloignée que possible de ce qu'elle aimait dans ces arts. Alors elle avait laissé tombé, avait « claqué la porte », et, en attendant, travaillait comme serveuse dans un restaurant indien. Elle ne comptait pas faire ça toute sa vie. Dès qu'elle aurait assez d'argent pour vivre, elle se lancerait dans sa propre aventure. Elle réaliserait son rêve de gamine : vivre de son propre travail, de ses écrits et ses dessins. Et d'amour et d'eau fraîche, pourquoi pas. Elle n'aimait pas la ville. C'était trop bruyant. C'était d'ailleurs pour ça, en partie, qu'elle ne se séparait jamais de son baladeur chaque fois qu'elle sortait. Il la coupait de ce monde de sourds. Ce soir là, par exemple, ses écouteurs vissés aux oreilles, et le son à fond, elle marchait sur une célèbre chanson des Cranberries. Zombie. Elle l'aimait bien. Elle la connaissais plus ou moins par cœur, et chantait dans sa tête en même temps que les paroles défilaient dans ses oreilles. Ce fut sans doute pour ça qu'elle ne perçut pas le silence anormal qui régnait dans la rue, pas plus que le râle qui provenait de l'impasse des Richards n'atteint ses oreilles. Elle était perdue dans son monde. Elle poussa enfin la porte de son appartement, où l'attendait Jill. Il l'embrassa tendrement en guise de bonjour. La soirée passa tranquillement, comme d'habitude. Ce jour là était un jour spécial. Leur « anniversaire ». Mythri ne comptait pas les mois, les années, et savait juste vaguement que c'était ce mois-ci. Mais Jill n'oubliait jamais. Il lui avait préparé un repas qui, faute de chandelles, fut éclairé par une petite led sous une bouteille d'eau. Mais qu'importe, c'était joli. Ils allèrent se coucher, et Mytrhi s'assoupit vite, blottie dans les bras chauds qui la réconfortaient tant.
Le lendemain matin, elle se réveilla seule. Elle avait l'habitude. Il devait être parti à la fac. Elle se dirigea vers leur petite cuisine. Quelque chose sur la table attira son attention. Mal réveillée, elle s'approcha pour voir. Une bague, simple anneau d'argent incrusté d'une petite pierre de jade, était posée sur un petit mot. « Si tu l'acceptes... » et derrière «  je n'ai pas eu le courage de te demander hier. C'est un peu nul, désolé... appelle moi. » C'est ce qu'elle fit, un sourire jusqu'aux oreilles et de stupides larmes au bord de ses yeux, jouant machinalement avec l'anneau, du bout des doigts. Le téléphone sonna dans le vide une fois. Deux fois. Trois fois. Cinq. Puis le répondeur se déclencha. Mythri, contrariée, se dit qu'elle réessaierait plus tard. C'est ce qu'elle fit, après avoir enfilé l'anneau. Il ne repondait toujours pas. Le téléphone à l'oreille et un lourd livre sous le bras, elle passait devant le centre de Sun City, lorsqu'un message écrit sur le bâtiment attira son attention. « SOS ». Il n'y était pas la veille. Elle s'arrêta, perplexe. Entendit le râle. Le même que celui qu'elle avait manqué hier. Elle fit volte-face. Vit une créature immonde. Tout sauf humaine. Un mort. Qui marchait pourtant résolument à sa rencontre... Mythri avait toujours été fan de jeux videos, de films, de livres. Alors elle balança celui qu'elle avait sous le bras à la figure de l'être. Et entra en précipitation dans le centre commercial. C'était ce qu'il fallait faire : des provisions. Elle irait ensuite se terrer quelque part, où elle tenterait de contacter Jill... cela irait vite. Très vite. Elle avait vu ce scénario des centaines de fois. Mais qu'il se déroule sous ses yeux, dans la réalité... cela la glaçait. Elle prit donc ses jambes à son cou, galopant dans les couloirs, tête baissée, comme un petit boulet de canon bronzé, filant entre les mains avides qui se tendaient vers elle, sentant à quelques reprises le contact froid de la chair flasque. Elle finit par trouver refuge en haut du centre.

Et c'est ici qu'elle rencontra les survivants, qui la dissuadèrent vite – sans rien dire – de partir ; ils étaient plutôt nombreux, relativement organisé, et surtout, ils étaient déterminés à survivre, et à accueillir tous ceux qui l'étaient également. Dans les jours qui suivirent, comme Mythri l'avait prévu, tout alla très vite. Certains nouveaux survivants arrivèrent, tandis que le reste de l'humanité semblait peu à peu sombrer. Au début, il y avait des spots à la télé, informant de l'épidémie. Trop tard, bien sûr. Puis la télévision cessa de fonctionner. Mythri essaya plusieurs fois par jour de contacter Jill. Sans succès. Tout en étant consciente de la vérité, elle refusait encore de l'admettre. Elle rencontra Seth, son serpent, dans une des cuvettes du centre commercial. Elle l'apprivoisa petit à petit, mais il reste la plupart du temps dans le coin qui lui est attribué dans le centre.